Les annexes psychiatriques des prisons et l’établissement de défense sociale de Paifve

Dans la loi relative à l’internement, le législateur fait référence à différents établissements :

  • L’annexe psychiatrique d’une prison ;
  • L’établissement ou la section de défense sociale organisé par l’Etat fédéral ;
  • Le centre de psychiatrie légale organisé par l’autorité fédérale ;
  • L’établissement reconnu par l’autorité compétente, organisé par une institution privée ou autre, qui est en mesure de dispenser les soins appropriés à la personne internée et qui a conclu un accord concernant le placement.

Les annexes psychiatriques des prisons et l’Etablissement de Défense Sociale de Paifve sont liés à la DGEPI c’est-à-dire la Direction Générale des Etablissements Pénitentiaires.

La prise en charge thérapeutique et l’évaluation des possibilités de réinsertion des personnes internées sont réalisées par le service de soins de santé prison (SSSP) et le Service Psycho-Social (SPS).

La Direction générale des Établissements pénitentiaires (DGEPI)

La Direction générale des Établissements pénitentiaires (DG EPI) fait partie du SPF Justice et est chargée de l’exécution des peines et mesures privatives de liberté. La DG EPI respecte strictement la légalité, garantit la protection de la société, du personnel et des détenus, tout en étant attentive à la dignité humaine et axée sur la réparation.

La direction générale EPI se compose d’une administration centrale et de services extérieurs comprenant les établissements pénitentiaires et les centres de formation du personnel pénitentiaire des régions sud et nord du pays.

L’administration centrale réunit :

  • Les directions régionales, qui soutiennent les équipes de direction dans l’exécution de leurs missions
  • Les directions qui offrent un soutien dans les domaines-clés de la DG EPI (sécurité, gestion de la détention, bâtiments et infrastructure, services médico-psychosociaux)
  • Les directions qui offrent un soutien dans l’élaboration de la politique

La DG EPI garantit une exécution conforme au droit, sûre, humaine et individualisée des peines et mesures privatives de liberté en vue d’un retour optimal dans la société.

La DG EPI incarne une politique pénitentiaire innovante, axée sur le détenu et basée sur les bonnes pratiques du terrain, le professionnalisme, les expériences et l’expertise.

Le modèle de détention repose sur l’équilibre entre sécurité dynamique et sécurité passive. Ses lignes directrices sont les droits et devoirs du détenu et du personnel et l’intégrité de l’ensemble des collaborateurs.

La DG EPI mène une gestion orientée sur les résultats à tous les niveaux de notre organisation. Les partenariats en sont un levier essentiel.

Établissement de défense sociale de Paifve

L’établissement de défense sociale (EDS) de Paifve a été inauguré en 1972 et est destiné à héberger les hommes qui ont commis des infractions et qui ont été reconnus « irresponsables de leurs actes » en raison d’un trouble mental. Ils ont dès lors le statut d’« interné » et doivent recevoir un traitement psychiatrique adapté.

Le régime au sein de cet établissement se situe à mi-chemin entre un régime pénitentiaire typique et la vie dans un hôpital psychiatrique.

L’établissement de défense sociale de Paifve est le seul de son genre à dépendre du SPF Justice. Construit au début des années septante par la Régie des Bâtiments, il a été inauguré en 1972 mais n’exerce sa fonction spécifique d’EDS que depuis 1976. De 1979 à 1983, l’EDS a également dû héberger l’annexe psychiatrique de la prison de Lantin nouvellement ouverte et pas encore entièrement fonctionnelle. Ce n’est que depuis 1983 que l’EDS n’accueille plus que des internés.

Le personnel de l’établissement est composé de :

  • Equipe de direction
  • Personnel de surveillance
  • Personnel administratif (services du personnel, comptabilité, greffe, secrétariat soins, expertise)
  • Equipe technique qui assure l’entretien journalier des bâtiments
  • Equipes « soins » constituées de psychiatres, infirmiers, psychologues, ergothérapeutes, assistants sociaux et éducateurs
  • Service psychosocial (SPS) composé de psychiatres, de psychologues et d’assistants sociaux

Depuis le 1er octobre 2016, la nouvelle loi du 5 mai 2014 relative à l’internement est entrée en vigueur. Elle remplace la loi de Défense Sociale du 1er juillet 1964. Dans cette nouvelle loi le droit aux soins est clairement inscrit.

Ainsi, l’internement de personnes atteintes d’un trouble mental est une mesure de sûreté destinée à la fois à protéger la société et à faire en sorte que soient dispensés à la personne internée les soins requis par son état en vue de sa réinsertion dans la société.

Compte tenu du risque pour la sécurité et de l’état de santé de la personne internée, celle-ci se verra proposer les soins dont elle a besoin pour mener une vie conforme à la dignité humaine. Ces soins doivent permettre à la personne internée de se réinsérer le mieux possible dans la société et sont dispensés – lorsque cela est indiqué et réalisable – par le biais d’un trajet de soins de manière à être adaptés à la personne internée.

La population de l’établissement se compose d’internés ayant commis des crimes et/ou délits. Les internés sont placés à l’EDS sur décisions du Tribunal d’Application des Peines (TAP) – Chambre de protection sociale (CPS).

Ce sont les Chambres de protection sociale qui décident de toutes les modalités d’exécution de l’internement : permission de sortie, congé pénitentiaire, détention limitée, surveillance électronique, libération à l’essai et libération définitive.

Les internés sont répartis dans deux pavillons où trois régimes (allant du cellulaire classique au communautaire) sont appliqués.

La capacité d’hébergement de l’EDS de Paifve est actuellement de 205 lits.

Situé dans un parc de 16 hectares et entouré d’un mur d’enceinte, l’EDS se compose d’un bloc d’entrée (entrée principale, locaux connexes et chaufferie), d’un bloc multifonctionnel (bureaux, salles de réunion, parloirs avocat, local de visite hors surveillance, salle de visite et cuisine), d’un bloc ateliers, d’un bloc d’hébergement dit « pavillon cellulaire » (PCE) non entièrement rénové divisé en 4 sections et d’un bloc d’hébergement dit « pavillon communautaire » (PCO) divisé en six sections.

Les deux blocs cellulaire et communautaire disposent chacun, outre des locaux pour les services médico-psycho-sociaux et de surveillance, de salles de sport et de loisirs, de réfectoires et cuisines de section, d’un atelier d’ergothérapie, de lieux de cultes et de salles de cours.

Des préaux, un terrain de football sont également à la disposition des résidents.

Les internés peuvent également suivre diverses formations :

  • Alphabétisation
  • Cours de promotion sociale : horticulture, sculpture, dessin.
  • Cours par correspondances qui vont petit à petit être remplacés par des cours en e-learning.

Des activités thérapeutiques et bien-être sont également organisées et encadrées par le service « soins » : hypothérapie, hortithérapie, zoothérapie, projet en collaboration avec Natagora « nature pour tous ».

Les Annexes psychiatriques des prisons

En Wallonie et à Bruxelles, les prisons de Lantin, Bruxelles site Saint-Gilles, Mons, Namur et Jamioulx possèdent une annexe psychiatrique.

La population qui y est hébergée est constituée de personnes internées en attente d’un transfert vers un établissement de défense sociale, de prévenus ou condamnés orientés vers cette section par le psychiatre de l’établissement pour des soins ponctuels.

Chaque annexe a son organisation propre. Certaines d’entre elle proposent une vie de section davantage communautaire, alors que d’autres accueillent les détenus dans un cadre plus fermé.

Outre le personnel de surveillance spécifiquement sélectionné, les annexes psychiatriques bénéficient d’une équipe soignante spécialisée composée de psychiatres, psychologues, assistants sociaux, infirmiers, éducateurs et ergothérapeutes.

Prison de Bruxelles – Site Saint-Gilles
Avenue Ducpétiaux 106
1060 Saint-Gilles
02 543 56 11

Prison de Jamioulx
Rue François Vandamme 172
6120 Jamioulx
071 22 94 70

Prison de Lantin
Rue des Aubépines
4450 Lantin
04 239 65 00

Prison de Mons
Boulevard Winston Churchill 24
7000 Mons
065 40 28 00

Prison de Namur
Place Abbé Joseph André 7
5000 Namur
081 71 43 10

Direction Services médico-psychosociaux

Parmi les missions de la direction Service médico-psychosociaux, nous retrouvons :

  • Le pilotage et le soutien des services psychosociaux locaux (méthodologie et cas complexes) assurés par le service expertise psychosociale (SPS) ;
  • Le pilotage et le soutien des services médicaux dans les prisons, y compris des équipes soins (SSSP) dans les sections psychiatriques et dans les sections de défense sociale, tant pour l’offre de soins générale que pour des actions spécifiques à certains phénomènes comme le suicide, les maladies contagieuses, l’abus de substances (alcool, drogue, médication), etc. assurés par le service coordination des soins médicaux.

Service expertise psychosociale (SPS)

Mission

Le service psychosocial est composé de deux niveaux : un service psychosocial (SPS) central et une équipe SPS dans chaque établissement pénitentiaire.

Le service psychosocial :

  • Apporte sur le plan scientifique une collaboration sous forme d’avis concernant l’exécution des différentes peines et mesures privatives de liberté ;
  • Encadre et accompagne les détenus en vue de préparer leur réinsertion psychosociale et évalue leurs propositions de reclassement ;
  • Apporte sa collaboration à une exécution légale, sûre et humaine des peines et mesures privatives de liberté.

Les collaborateurs psychosociaux (psychologues, assistants sociaux, psychiatres) effectuent ces missions dans un esprit d’une justice réparatrice, ce qui signifie qu’ils tiennent compte aussi bien des intérêts des détenus que de ceux des victimes et de la société.

Concrètement

Le SPS accomplit :

  • L’accueil psychosocial des personnes entrants en prison
  • L’accueil psychosocial des détenus durant leur incarcération
  • L’information professionnelle à l’autorité compétente en vue d’éclairer sa prise de décision
  • La participation à l’élaboration de la formation du personnel ainsi que la collaboration avec celui-ci et son soutien dans la gestion individuelle de certains détenus
  • La collaboration avec la direction :
    • En vue d’améliorer le régime et le climat psychosocial
    • Dans la gestion de la situation individuelle de certains détenus

Service coordination des soins médicaux

Mission

En sa qualité d’organe central supérieur et dirigeant, le service coordination des soins médicaux est chargé d’organiser, de diriger, de dispenser et de contrôler les soins de santé prévus aux articles 87 à 99 de la loi de principes du 12 janvier 2005 concernant l’administration des établissements pénitentiaires ainsi que le statut juridique des détenus et dans les réglementations y afférentes.

Le service veut :

  • Assurer des soins de santé en prison qui englobent :
    • Les soins curatifs décrits dans la loi relative aux droits du patient, à l’exception de l’euthanasie, de l’interruption de grossesse et du prélèvement d’organes ;
    • Une contribution à la prévention et à la protection sanitaires du personnel et des détenus ;
    • Une contribution à la réinsertion du détenu ;
  • Assurer que chaque détenu ait accès à un prestataire de soins possédant les qualités requises lors de son entrée en prison et, si son état de santé le requiert, tout au long de sa détention ;
  • Communiquer sur sa politique et sa gestion avec les prestataires de soins dans les prisons et tous les intéressés, aussi bien au sein des services publics fédéraux qu’à l’extérieur.

 

Concrètement

  • Le service gère et contrôle les soins de santé conformément à la réglementation en vigueur.
  • Il offre des soins médicaux équivalents à ceux dans la société libre, à savoir dispenser des soins curatifs par des prestataires de soins en vue de promouvoir, de déterminer, de conserver, de restaurer ou d’améliorer l’état de santé physique et psychique du patient. La contribution des prestataires de soins à la prévention et à la protection sanitaires du personnel et des détenus ainsi que la contribution des prestataires de soins à la réinsertion sociale des détenus font également partie des soins médicaux.
  • Il lutte contre la problématique de la drogue dans les prisons.
  • Il prête une attention particulière aux détenus souffrant d’une affection psychique (parmi lesquels les internés) via les équipes soins dans les sections psychiatriques des établissements.
Missions spécifiques des équipes soins

Les équipes soins (psychiatre, psychologue, assistant social, ergothérapeute, infirmier psychiatrique, kinésithérapeute et éducateur) veillent à la prise en charge thérapeutique.

Leur objectif est de définir, de restaurer et de maintenir aussi optimales que possibles les capacités physiques, psychiques et sociales du patient en vue notamment de lui permettre de passer à une phase ultérieure de son trajet de soins.

Leurs tâches sont :

  • L’accueil et le soutien des entrants
  • L’observation et l’élaboration d’un projet thérapeutique pour chaque patient
  • Des soins thérapeutiques, notamment par des entretiens individuels et des activités thérapeutiques
  • L’accompagnement au quotidien
  • La collaboration avec la direction, les agents et les autres services internes
  • La continuité des soins avec les institutions externes.